Crions-nous, spectacle dansée

Crions-nous est une œuvre collective, issue de récits individuels mise en scène dans l’espace public, initié par l’arÊTE en 2021. Il a donné lieu à une représentation dansée durant l’été 2022 dans la forêt de Chailluz.

Il s’agit de créer dans l’espace social, sur une durée de plusieurs mois une œuvre, fruit de la collaboration de l’artiste associée Elisabeth Gerl et de volontaires (habitants, animateurs, comédiens). La contribution de chacun s’apparente à une mise en commun de savoir-faire et d’expériences qui permettra de créer un spectacle vivant sur le territoire.

Ce projet invite des participants à expérimenter différents modes d’expression : l’écriture, le témoignage, la mise en espace, l’expression corporelle, le théâtre. Il propose à des habitants de s’investir, selon leur temps et leur envie dans un véritable processus artistique : les participants peuvent participer à l’ensemble du projet, comme à une seule étape.

 

Le premier dispositif : La récolte des récits, février 2021

Il a débuté par une récolte de récits d’habitants de différents quartiers de Besançon sur la notion d'”habiter” et cette question : “Comment habitons-nous le monde?”. Il s’agit de créer des situations d’écriture permettant aux citoyens de s’approprier de manière créative leur territoire. La récolte s’est matérialisée par des boîtes à textes déposés chez des partenaires (commerçants, associations, maisons de quartier), des entretiens individuels auprès de volontaires et des ateliers d’écritures au café des pratiques.

 

Le deuxième dispositif : Le montage des textes, mai 2022

12 textes ont été produits à partir de cette matière première lors d’ateliers artistiques et d’écriture collectifs réalisés au café des pratiques, ouvrant un espace de création à des publics motivés par le processus d’écriture d’un texte.

Les témoignages enregistrés ainsi que les textes écrits ont été retranscrits pour former un corpus à travailler. S’en sont suivis quatre ateliers d’écriture, qui ont engagé le public à écrire à partir de cette matière récoltée afin de nourrir les textes, les exploiter, expérimenter des modes d’écritures…

Deux sessions en présence de l’artiste associé Elisabeth Gerl ont été menées au café des pratiques, ouverts à tous. Un dispositif de mise en scène a été trouvé puis l’expérience engagée a été condensée en 8 aphorismes, avec les participants.

Troisième dispositif : la mise en scène. Juin 2022

Il s’agit à présent de mettre en scène ces textes, avec le corps en mouvement, le souffle, des gestes dansés sur 8 scènes qui formeront une boucle dans la forêt de Chailluz.

Des ateliers d’improvisation et des séances collectives de création artistique permettent d’initier le public à la théâtralisation d’un texte et de l’impliquer dans un processus créatif de mise en scène. Les textes ont été éprouvés et mis en jeu, en espaces et en voix.

 

Après une douzaine de répétitions, la représentation dansée a eu lieu le 2 juillet dans la forêt de Chailluz à Besançon. Des aphorismes ponctuent un parcours dansé où 8 scènes ont été jouées simultanément sur un morceau de forêt. Le public a déambulé à la rencontre des scènes dansées, guidé par des petits objets rouges, et découvert à son rythme les saynètes, chacune incarnant l’un des 8 aphorismes. Devant chaque scène, 8 textes étaient disposés et on lui proposait de choisir le texte qui correspondait selon lui le mieux à la scène dansée. Le morceau de territoire a fonctionné ici comme un espace de jeu, où la scène s’est fondu dans l’espace et dans laquelle public et acteurs se sont mêlés

Ces dispositifs de participation sont des outils artistiques qui reconfigurent la relation esthétique traditionnelle entre artiste, œuvre et public. Ils permettent de transformer la création d’une œuvre, pratique habituellement individuelle et réservée à un petit nombre en un processus collectif qui se déroule en plusieurs phases, ce qui confère à ce projet une triple portée artistique, culturelle et politique.

 

« On dira que l’artiste, lui, ne veut pas instruire le spectateur. Il se défend aujourd’hui d’utiliser la scène pour imposer une leçon ou faire passer un message. Il veut seulement produire une forme de conscience, une intensité de sentiment, une énergie pour l’action. » Jacques Rancière, Le spectateur émancipé, éd. la Fabrique, 2008, p.20.

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