Conférence théâtralisée autour de trois femmes fouriéristes
Un dispositif artistique est créé autour de la vie de trois femmes qui ont contribué à la diffusion des idées de Charles Fourier.
Au travers des portraits mis en scène de Clarisse Vigoureux, Julie Considerant et Clarisse Coignet, originaires de Montagney dans le Doubs, c’est un XIXème siècle dans ses dimensions utopiques, sociales et laborieuses qui est exploré.
A l’origine de ce projet, le collectif Histoire des Chaprais à l’ASEP, l’arÊTE et la maison de quartier des Bains Douches Battant ont uni leurs compétences en partenariat avec l’Association d’études fouriéristes et l’Association des amis de la forge de Montagney pour célébrer la journée internationale du droit des femmes en mettant à l’honneur « Trois femmes fouriéristes comtoises » au travers d’une conférence théâtralisée.
La plasticienne Elisabeth Gerl qui a déjà travaillé sur Fourier a réalisé un montage de textes, nourri par différentes sources consultées et des connaissances des partenaires et articulé en quatre chapitres : diffusion, révélation, application et infusion. Elle a ensuite conçu un spectacle en 15 jours sollicitant des acteurs étudiants ou amateurs, qui ont participé pleinement à la mise en scène.
Les textes sont portés par cinq protagonistes qui donnent vie à Julie Considérant, Clarisse Gauthier-Vigoureux et Clarisse Gauthier- Au fil des propos non chronologiques sont mentionnées les questions de l’urbanisme, de la morale, de l’évolution selon Darwin, de la violence, de la Commune… La forme dynamique permet d’échapper à la simple commémoration et peut donner envie d’y aller voir de plus près. Le montage de ces textes va apporter de nouveaux points de vue, des signes d’horizon, va interroger notre rapport au monde actuel à l’aune du 19ème siècle.
La pièce a été reprise en juillet 2022 dans le cadre de la programmation du Festival Patrimoine commun organisé par le département du Doubs aux Forges de Montagney. De nouvelles comédiennes professionnelles et amateurs ont été choisies et une nouvelle expérience créative s’est engagée.
Ces deux aventures ont donné lieu à des échanges féconds (création, répétitions, rencontres, représentation ) au sein du groupe d’acteurs et de spectateurs aussi bien sur le fouriérisme que sur la condition féminine ou les conditions de travail.
On a clamé les mots, crié les mots, fait retentit les mots.
L’action politique est aussi bien dans la parole (tribune, discours, déclaration, édition) que dans le tous les jours (répartition, relier, soin). Chaque femme explore à sa manière ces différents registres, mais une particulière, dans et relié par le corps en touchant, en effleurant, met en lien les autres personnages, s’adonne avec légèreté malgré les cris de l’histoire.
8 mars 2022, Salle Davis, Bain Douches Battant, Besançon
Elles vont se présenter avec ce qu’elles sont, lire, bouger, et ainsi trouver singulièrement leur place dans la distribution. Elles étaient 4 et un homme, qui a joué le rôle du porte panneau. Elles auraient été plus ou moins nombreuses, la pièce aurait été très différente. C’est avec ce qu’elles sont qu’elle s’est construite, ce qu’elles avaient à dire aussi, à proposer, et au travers des Clarisses et de Julie c’est elles aussi qu’on entend. La mise en scène va s’affiner séance après séance. Elle s’est montée en 15 jours, 7 rencontres. Il a été décidé que ces femmes auraient une vision commune qui pourrai s’exprimer par leur regard, leur regard porté vers le texte, projeté dos au public.
Nous avons fait alors le choix de retourner la scène et de la placer face aux locaux techniques, rangements, porte d’entrée, extincteur. Ces femmes se placent du côté de l’accueil et de l’ordinaire.
On s’est beaucoup intéressé à leur présence physique sur scène, comment occuper l’espace, être présent avec son corps, créer des tensions avec le regard, il faillait qu’elles se tiennent, qu’elles tiennent l’attention, on a alors simplifié les mouvements, épuré les gestes. C’est dans ces lignes qu’a été introduit un brin de burlesque au travers de l’homme et d’une femme gesticulant sur une colonne. Nous avons souhaité marquer l’espace du politique entre les discours et leurs symboles (tribune, micro, piédestal) et le quotidien, ce qui se répète, se lie, soigne. Le quotidien du soin et de la danse aussi, une brise légère.
Pour ces expériences, un dispositif artistique a été créé, mettant en scène le texte et recréant une dynamique collective autour de chaque commande : il permet de faire vivre ce texte en mobilisant un travail de médiation autour de ces femmes. Un appel à volontaires est réalisé pour chaque représentation.
Le dispositif est constitué de matériel scénique (mobilier, écran, objets), de supports visuels à projeter sur scène et d’un protocole de mise en scène afin de faire vivre ce texte dans des lieux et espaces différents associant comédiens amateurs et professionnels sur une courte résidence.
Deux représentations sont prévues en 2023 et une édition du texte est à venir, associé à un recueil des témoignages des femmes participant à l’aventure.